La politique de défense du Grand-Duché de Luxembourg est structurée par sept principes, définies dans les Lignes directrices de la Défense à l’horizon 2035.
Solidarité
Pour être pleinement reconnu en tant qu’Etat membre de l’UE et Allié au sein de l’OTAN, le Luxembourg ne peut déléguer l’assurance de la sécurité à ses partenaires mais doit au contraire assumer sa juste part dans les efforts collectifs de défense. Le personnel de l’Armée est le visage de notre action extérieure sur les théâtres d’opération. Son déploiement, avec les risques inhérents à une opération, est la plus haute expression de notre solidarité et du partage équitable des risques.
Autonomie décisionnelle
L’autonomie décisionnelle porte d’abord sur la liberté des choix politiques stratégiques et ensuite sur le contrôle des activités opérationnelles et du cycle de vie des capacités.
Partenariat transatlantique
L’importance du partenariat transatlantique conçu notamment sur des engagements solidaires n’est plus à démontrer en matière de défense. C’est pourquoi la Défense reste un maillon central de ce lien transatlantique.
Adaptabilité et spécificité militaire
Compte tenu des évolutions rapides du contexte sécuritaire, la Défense doit se montrer capable d’agilité et de réactivité pour anticiper et répondre rapidement aux initiatives multinationales, et aux opportunités de coopération qui se présenteront. Ceci vaut tant pour le plan organisationnel, opérationnel que capacitaire.
L’adaptabilité et la spécificité du métier militaire impliquent que les forces armées ne peuvent pas être soumises en totalité aux mêmes règles et lois que celles applicables aux fonctionnaires et autres agents de l’Etat. Cela est dû à la nature unique de leurs missions, qui comprennent la maîtrise de situations d’urgence, l’engagement dans des opérations de maintien de la paix ainsi que la préparation au combat. Par conséquent, une législation spécifique est nécessaire pour réglementer les activités de l’Armée et garantir qu’elle puisse remplir ses obligations de manière efficace conformément aux normes éthiques et juridiques internationales applicables. Cette législation doit inclure des lois spécifiques sur le régime de travail, la discipline militaire, les procédures de conduite des opérations et les procédures de justice militaire. Il est important que cette législation soit révisée régulièrement pour qu'elle reste pertinente par rapport au milieu en constante mutation dans lequel l’Armée opère.
Partenariats et mutualisation des ressources ("pooling & sharing")
Peu de pays ont la capacité de mener des opérations complexes d’envergure significative. Tenant compte de nos limitation structurelles, nos partenariats internationaux de référence – Belgique, Pays-Bas, France, Allemagne et les Etats-Unis ainsi que la NATO Support and Procurement Agency (NSPA), Agence européenne de défense (AED), Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement (OCCAr), etc. – sont indispensables. Ces partenariats sont le garant de notre plus-value opérationnelle et mutuelle ainsi que de notre crédibilité.
Sans être exhaustif, il y a lieu de mentionner ici les participations du Luxembourg aux programmes multinationaux tels que A400M, "Multi-Role Tanker Transport" (MRTT), "Allied Ground Surveillance" (AGS), "Airborne Warning and Control System" (AWACS), etc. qui sont des réalités aujourd’hui et qui continuent à gagner en importance. Ils permettent notamment de répondre aux ambitions et exigences de l’OTAN ainsi que de l’UE.
Engagement pour la société luxembourgeoise
La Défense fait partie intégrante de la société luxembourgeoise. Sous le contrôle de la Chambre des députés, la Défense veille à la gestion transparente et responsable des ressources importantes qui lui sont imparties. Comme en témoignent les multiples interventions de l’Armée au niveau national au cours de ces dernières années, la Défense remplit son rôle pour soutenir la population en cas d’incident majeur comme p.ex. les phénomènes météorologiques extrêmes. La Défense sécurise également chaque jour la population en remplissant sa mission d’enlèvement et de destruction de munitions datant des deux guerres mondiales. En même temps, la Défense maintient son engagement en faveur d’une transition réussie des volontaires de l’Armée vers le secteur privé et public au terme de leur service militaire. Enfin, la Défense contribue également régulièrement au devoir de mémoire.
Politique étrangère et de sécurité des "3D"
Le Luxembourg applique traditionnellement une approche holistique aux questions de sécurité et de défense, privilégiant une méthode solidaire dans un système multilatéral qui combine la diplomatie, la coopération au développement et la défense – dénommée communément concept des "3D" et s’inscrivant pleinement dans la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) (qui préconise une "approche intégrée"). La Défense luxembourgeoise, un des maillons de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), de la politique de défense commune de l’OTAN et forcément de la politique étrangère et de sécurité du Grand-Duché qui, en complémentarité avec les moyens de la diplomatie traditionnelle et de la politique de coopération au développement, contribue à la prévention des conflits et à la reconstruction post-conflit. A ce titre, le Luxembourg accorde une importance singulière à des modes d’action qui ne sont pas uniquement militaires, et contribue au développement de capacités, permettant à des pays tiers d’assurer leur propre sécurité en conformité avec nos valeurs.
Aujourd’hui, suite à l’émergence d’agressions hybrides, cette approche traditionnelle doit être complétée par une palette d’autres instruments au vu de la complexité des menaces et des facteurs d’instabilité. Il est indispensable de soutenir une approche intégrée qui met en cohérence tous les instruments étatiques pertinents pour répondre à une crise. La palette de ces instruments appartient aux champs diplomatiques, économiques, de la communication, financiers, de renseignement, juridiques, environnementaux et de sécurité intérieure.
