Le ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer devant l'Association interconfessionnelle du Luxembourg: Est-ce que le dialogue peut amener la paix ?

Après les ravages causés par les totalitarismes et deux conflits mondiaux, après l'holocauste et près de 50 années de guerre froide, avons-nous fait le choix de nous libérer définitivement des engrenages néfastes d'un recours à la force, peu propice à l'éclosion d'un dialogue fructueux entre nations comme entre individus?

Avons-nous appris les leçons du 20ème siècle? Voilà la question que je me pose parfois.

Fin de la guerre froide, chute du mur de Berlin, écroulement du système soviétique, mais aussi guerre et génocide en ex-Yougoslavie, attentats du 11 septembre, interventions militaires en Afghanistan et en Iraq, attaques terroristes perpétrées avec une violence jusqu'alors inconnue: en peu de temps le monde a parcouru beaucoup de chemin - et emprunté plus d'un détour.

Pourtant, au cours de la période qui suivait immédiatement la fin de la guerre froide, beaucoup d’analystes avaient annoncé l’avènement d’un ordre mondial nouveau. Le 21ème siècle devait être dans l’aspiration de bien de citoyens de ce monde, l’avènement d’une ère nouvelle, inaugurant un temps de paix et de dialogue, de coopération et de prospérité. La fin de la guerre froide nourrissait pour beaucoup d'entre nous l’espoir de voir enfin se réaliser un monde plus libre, et plus pacifique. Un monde qui fonde finalement sa sécurité et la paix entre les nations sur la prééminence du droit international et les vertus du dialogue et du respect mutuel.

Cet idéal inscrit dans la Charte des Nations Unies semblait à portée de main.

Les progrès de la science, le développement de la société de la connaissance et l’accélération des communications étaient par ailleurs appelés à générer un plus de prospérité, de bonheur et de participation sociale. Cet ordre devait également permettre de porter secours aux populations victimes de guerres civiles, de régimes autoritaires ou de catastrophes naturelles et ouvrir la voie au droit d’ingérence humanitaire sous la direction des Nations Unies et d'après le modèle des opérations au Rwanda, en Bosnie, au Timor oriental ou au Sierra Léone.

En un mot; une plus grande cohésion sociale à l'intérieur de nos sociétés et plus de stabilité et de paix dans les relations internationales devraient être le résultat d'un dialogue fructueux, mené à tous les niveaux, tant à l'intérieur des sociétés qu'entre celles-ci.

Mais, nous le savons, cette vision, - qui est aussi celle d'Isaïe du "temps où les nations changeront leurs épées en charrues et leurs lances en serpettes et n’apprendront plus à se faire la guerre",  - celle à laquelle ont aspiré tant de gens de bonne volonté de toutes les obédiences au fil des siècles, ne s'est pas concrétisée. Elle a buté sur la complexité des rapports religieux et ethniques, le poids de l'histoire et les données de la géographie et certainement aussi notre nature humaine qui s'accommode trop facilement des contraintes de la  Realpolitik.

Soudain, il est question de choc des civilisations qui marqueraient plus profondément de son emprunte ce nouveau siècle que ne le faisaient les confrontations des nationalismes du 19ème ou le combat des idéologies qui a dominé le 20ème siècle. Ce nouvel affrontement serait plus radical, plus violent et plus passionnel puisqu’il verrait s’affronter des cultures et des religions.

Les avertissements fusent de toute part: cette hypothèse, il faut la réfuter. L’adopter serait tomber dans le piège que nous tendent les terroristes ou les intégristes de tout bord, qui n’aspirent qu’à soulever les hommes contre les hommes, les religions contre les religions, les cultures contre les cultures.

Et l'antidote parait tout prêt: le dialogue entre les cultures.

Depuis le 11 septembre, et même avant, nous nous sommes retrouvés dans bien des séminaires et des colloques pour cultiver ce dialogue entre universitaires, entre responsables politiques et religieux, entre diplomates, entre chercheurs,… entre professionnels qui savent concilier des opinions plus ou moins contradictoires. Dans ces rencontres, le dialogue se passe généralement très bien; tous les participants restent extrêmement poli, les discussions très générales, et personne ne dit ce qu’il pense vraiment.

Au lieu d'instaurer une véritable discussion où des conceptions s'échangent et des idées s'affrontent, ces conférences sont trop souvent l'occasion pour faire des discours qui plaisent, mais qui n'engagent à rien. Ainsi, l’on dit que les Arabes sont les héritiers d’une grande civilisation qui a perfectionné l’astronomie, révolutionné les mathématiques, permis de notables avancées en architecture; que les Chinois ont inventé les feux d’artifice, l'imprimerie et la porcelaine, que les cultures et les religions - surtout les religions monothéistes - sont faites pour s'entendre parce qu'elles défendent, au fond, le même idéal et la même conception du bonheur humain.

Cette version réductrice du dialogue ne contribue, à mon avis, que peu à favoriser une meilleure compréhension mutuelle et à faire émerger une culture de la tolérance et de la paix. Bien au contraire, elle illustre notre gêne à aborder les vrais problèmes et témoigne de notre profonde méconnaissance (sinon de notre méfiance) à l'égard de l'autre. Dans cette forme de débat, les arguments, les raisonnements de l'autre n'intéressent pas vraiment. Le dialogue reste surtout un échange de formules, où, en  bons démocrates, nous laissons à chacun la liberté de s'exprimer.

Cette conception réductrice repose sur une définition superficielle de la tolérance qui ne veut pas aller au fond des choses. Nous évitons le vrai dialogue en nous focalisant sur ce que nous croyons avoir en commun en nourrissant notre réflexion de lieux-communs et en évitant les sujets qui risquent de fâcher. Il est certes légitime de sonder ce que nous avons en partage, à condition de ne pas nous accommoder avec une moitié de vérité; et aussi longtemps que nous ne passons pas sous silence les différences qui peuvent exister. Ce sont justement les différences qui rendent le dialogue nécessaire mais aussi intéressant, vivant et constructif. La condition reste évidemment que nous sommes prêts à accepter que des différences puissent exister et à discuter de ce qui peut nous séparer.

Finalement, ce ne sont pas les différences qui causent problème mais l'acceptation de la différence.

La plupart du temps, lors des dialogues interculturels ou interreligieux classiques, nous sommes donc prêts à écouter l’autre avec plus ou moins de patience ou d'impatience, mais nous ne sommes pas nécessairement convaincus que l’autre détient aussi une part de vérité et que cette vérité pourrait être aussi vraie que la nôtre.

Bien que pendant le long cheminement de la civilisation humaine, les religions aient toujours privilégié le développement des valeurs de respect d'autrui, de tolérance et de paix, la religion a malheureusement joué souvent dans la pratique un rôle opposé en s'érigeant en facteur d'exclusion ou de singularisation vis-à-vis des autres. Il est en effet vrai que pour tout croyant il devient difficile d'imaginer un dialogue authentique entre les religions, car toute religion est construite sur des dogmes.  Pouvons-nous établir dans la pratique un quelconque dialogue sur les dogmes et quel peut en être le résultat?

Les religions révélées sont par essence "parole de Dieu" et ne peuvent être mises en doute ni relativisées. La vérité immuable de l'une rentre nécessairement en conflit avec la vérité inaltérable de l'autre. S'il apparaît donc que le royaume des dogmes et des croyances se situe au-delà du royaume du dialogue, il est cependant tout à fait licite d'imaginer un dialogue constructif dans le domaine de la  culture religieuse qui elle relève non pas du royaume de cieux mais du monde d'ici-bas. Au-delà du noyau théologique, cette culture religieuse contribue en effet à créer l'atmosphère du monde dans lequel nous vivons, et dans un certain degré, elle structure et contrôle notre comportement.

Une telle approche nous force cependant, avant d'entamer un tel dialogue, d'accepter que les différentes religions sont toutes l'expression d'une même réalité et qu'il ne peut donc exister entre elles ni concurrence ni relation de supériorité ou d'infériorité.

Pour atteindre cet objectif il est primordial de pratiquer l'art de l'écoute pour pouvoir comprendre le but transcendantal des religions. C'est en pratiquant sans parti pris et sans juger cet art de l'écoute, surtout quand nous pénétrons au royaume des croyances, que nous pouvons découvrir de nouvelles couches de compréhension de nos orientations religieuses, a priori inconciliables. A travers l'art de l'écoute nous pouvons franchir des distances qui ne sont crées que par nos constructions, qui sont essentiellement dues à notre ignorance des réalités et des vécus. Le préambule de l'acte constitutif de l'UNESCO résume parfaitement ce constat: "L'incompréhension mutuelle des peuples a toujours été, au cours de l'histoire, à l'origine de la suspicion et de la méfiance entre nations par où les leurs désaccords ont trop souvent dégénéré en guerre." Ce qui est vrai pour les peuples, l'est tout autant pour les religions.

Si je récuse donc le dialogue réducteur pour sa tolérance de pure forme, - (et si je mesure toute la difficulté d'un véritable dialogue interreligieux) -  je récuse tout aussi fermement le dialogue "angélique", assez répandu dans certains milieux intellectuels et fondé sur un excès de tolérance.  Il s’agit en fait du contraire du dialogue réducteur, qui n'est tolérant qu'en apparence. Le dialogue angélique est le résultat d’un relativisme généralisé, consistant à admettre que tout est vrai, même son contraire.

Ces deux formes de dialogue ne nous permettent pas d'avancer, parce qu'elles refusent de prendre position. Sans confrontation des idées et des opinions, la synthèse des points de vues précédemment antagonistes n'est en effet guère concevable.

En éludant les problèmes et les vraies questions nous ne les désamorçons pas, bien au contraire. Les conflits qui nous causent les problèmes les plus épineux, les tensions entre peuples et cultures, les mécompréhensions permanentes qui se manifestent actuellement un peu partout au monde ont en général pour origine un ressentiment ancien, le sentiment ou le souvenir de ce qui est perçu par une communauté comme un tort ou une injustice historique.

Après tout, l'expérience de la construction européenne devrait nous inspirer. Sans le courage politique, et humain, d'aborder résolument les antagonismes séculaires qui semblaient diviser à tout jamais notre continent et sans la vision d'une solidarité inscrite dans la réalité de tous les jours, l'histoire de l'unification européenne ne serait pas aujourd'hui synonyme de la plus longue période de paix et de prospérité que notre continent a connue depuis la paix romaine.

Seule cette forme de dialogue vrai, appuyé par une solidarité concrète, est à même de permettre à des problèmes anciens d’être exposés, traités et finalement éliminés dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Seul le dialogue franc, mené sans a priori, permet une reprise des échanges et la compréhension dont nous avons désespérément besoin si nous voulons que la mondialisation qui nous affecte, tant au niveau des biens matériels et que des idées et des espoirs, puisse contribuer à la valorisation de chaque individu et de chaque civilisation.

En effet, les grandes interrogations qui nous préoccupent en ce début du 21ème siècle sont des problèmes qui se posent à l’échelle mondiale et elles ne peuvent être appréhendées qu'avec les armes de la négociation, du dialogue et de la coopération. Il s'agit de la prolifération des armes de destruction massive tout comme des trafics illicites, de l’immigration clandestine, des changements climatiques ou de l’apparition de nouveaux virus mortels, problèmes qui nous concernent tous. Terrorisme, intégrismes et extrémismes, pollutions et crime organisé ne connaissent pas de frontières et se jouent de la souveraineté des Etats. Ils sont difficiles, voire impossibles à combattre par un Etat seul, aussi puissant soit-il, ou par les seuls moyens militaires parce que la menace qu’ils représentent reste diffuse ou difficile à cerner et parce qu’elle peut facilement se déplacer d'un pays vers un autre, comme nous l’avons vu par les attaques qui ont frappé l’Indonésie aussi bien que la Tunisie, le Maroc, l’Arabie saoudite et la Turquie, pour ne citer que quelques cibles  récentes du terrorisme international.

Nous savons aussi que le droit et le dialogue ne peuvent pas toujours être la seule réponse aux menaces qui se déclarent. Pour être crédible, la réponse de la communauté internationale, comme de la diplomatie nationale, doit pouvoir s'appuyer sur la force militaire. L'Europe sait ce qu'il a coûté aux démocraties de ne pas avoir su se résoudre à temps, à cette nécessité. L'usage de la force est parfois le prix de la paix. Mais, conformément à la Charte des Nations Unies, ce doit être l'arme du dernier recours, quand toutes les autres solutions ont été épuisées.

Au-delà de cette exception et pour assurer une action en profondeur, nous n’avons pas d’autre choix que de répondre aux grands défis qui déterminent le caractère du 21ème siècle par un véritable dialogue, initiant une répartition pacifique des intérêts, en prenant appuie sur la tolérance mutuelle. Il est cependant une condition à la réussite de notre entreprise. Nous devons convenir des valeurs fondamentales que nous voulons défendre.

Le dialogue ne pourra être couronné de succès que si les différents partenaires se rencontrent d’égal à égal. Le vrai dialogue accepte la diversité des cultures, des approches et des façons de vivre mais il s'accorde aussi et surtout sur les valeurs communes. Sans accord sur ces valeurs nous risquons simplement de ne juxtaposer que des monologues et de nourrir à la longue de nouvelles frustrations.

Le dialogue vrai serait par exemple un dialogue dans lequel les Occidentaux interrogent les Musulmans sur la situation de la femme dans le monde musulman que les Occidentaux ne comprennent pas et condamnent en bloc. En sens inverse les Musulmans considèrent que la situation de la famille dans le monde occidental est tragique, que les familles sont détruites, qu’abandonner des personnes âgées comme nous le faisons est indigne. Il y a des deux côtes une vraie incompréhension issue de l’ignorance et perpétué par notre incapacité de communication. Pour pouvoir avancer, il nous faut avoir la volonté de respecter l'autre, de l'écouter, de travailler avec lui - ce qui implique également de nous interroger sur nous-mêmes - et le courage d’aborder même les problèmes les plus sensibles.

C'est à cet immense défi que sont confrontées aujourd'hui toutes nos sociétés. Il requiert ouverture d'esprit, confiance, humilité, imagination, mais aussi esprit de responsabilité, force de l'âme et fermeté, afin de résister à tout ce qui peut mettre en cause la liberté et les droits inaliénables de la personne.

Au cours de ce dialogue ne craignons pas d'affirmer l'existence d'une éthique universelle, qui a inspiré la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Contrairement à ce que peuvent prétendre certains, cette éthique n'est pas un modèle occidental. Elle est humanisme. Elle est de tous les peuples, de toutes les nations, de toutes les religions, car aucune civilisation, aucune religion ne s'est construite sur l'anéantissement des hommes, la négation de l'individu et de ses droits, sur l'indifférence ou le refus de voir accéder hommes, femmes et enfants au beau et au bien.

Affirmer cette universalité des droits de chaque individu, c'est souligner le lien de solidarité qui unit tous les hommes. C'est proclamer que chaque femme, chaque homme, chaque enfant a des droits imprescriptibles. Il n'y a aucune contradiction entre une éthique universelle et la diversité des cultures, parce que le respect des cultures participe à cet humanisme universel que nous appelons de nos vœux. Si nous convenons que la nature humaine est une, les droits découlant de cette même nature ne peuvent se décliner au pluriel.

C’est pourquoi la notion de dialogue doit dépasser de beaucoup l’idée de tolérance. Le dialogue représente quelque chose de plus actif, fondé sur le respect et la volonté d’apprendre. Parallèlement le respect absolu de la dignité humaine et de l’individualité de chaque culture et de chaque individu constitue à son tour un préalable indispensable pour une culture de la paix issue d’une culture du dialogue. Plus nous nous connaissons, plus nous nous comprenons les uns les autres, plus nous pouvons concevoir d’estime à l’égard des autres et moins nous risquons de nous laisser aller aux préjugés ou à la haine.

Notre univers a toujours été marqué par la diversité des sociétés humaines et de leur civilisation. Acceptées dans la paix et dans la tolérance, ces différences peuvent être un facteur d’enrichissement. En revanche, instrumentalisées et exploitées à des fins partisanes, elles sont porteuses des plus terribles malheurs et conduisent à l'avilissement de l'homme.

Le dialogue vrai celui qui s'inspire des préceptes que je viens d'énoncer, celui qui n'hésite pas à confronter des points de vue me paraît la seule forme utile de dialogue.

Ce véritable dialogue demande au préalable que chaque culture, chaque religion mène sur elle un travail critique. Le courage d'affronter son propre passé, et les actes de repentance font partie intégrante de cette démarche. Ils sont, pour toute civilisation, pour toute société et pour toute religion indissociables du vrai dialogue, parce que toutes, à un moment ou à un autre, ont cédé aux cotés plus obscures de notre nature humaine. C'est notamment dans ce domaine essentiel qui est celui du regard que l'on porte sur soi que le plus important travail reste à accomplir.

Aucun de nous ne peut donner une vue véritablement impartiale de sa culture ou de celle des autres. Nos systèmes de pensées sont conditionnés par nos expériences et nos croyances. Tous ces éléments, et d'autres encore, risquent de perturber notre  perception. Le vrai défi en tant qu'êtres rationnels est d'admettre que nos vues sont partiales et de faire ce que nous pouvons pour éviter les préjugées et les erreurs d'appréciation. Si nous réussissons dans cette entreprise une condition nécessaire pour la réussite du dialogue est donnée.

Hormis ce travail qui porte essentiellement sur nous-mêmes, que pouvons, que devons nous faire pour réussir dans cette ambition, pour garantir le succès de notre démarche?

Je vois essentiellement 3 conditions.

La première urgence, parce que rien n'est plus contraire au dialogue que le sentiment d'injustice, c'est d'introduire plus de justice, plus de solidarité, plus d'attention aux hommes et à l'amélioration de  leur situation quotidienne dans les relations internationales. Sans recherche de justice et sans solidarité le concept de dialogue restera une coquille vide.

Il faut donc nous mobiliser pour combattre la pauvreté et promouvoir l'éducation dans le monde. L'éducation est le meilleur moyen pour comprendre l'autre et le seul remède pour combattre les idées reçues et des concepts simplistes. Il faut mener ce combat contre la pauvreté et l'ignorance au nom de la solidarité, au nom de la justice, mais aussi au nom de la raison. S'il est faux et dangereux d'établir un lien direct entre le terrorisme et la misère, nous comprenons bien qu'il y a un enchaînement entre le terrorisme et le fanatisme. Le fanatisme qui prospère justement sur le terreau de l'ignorance, des humiliations et des frustrations.

À l'heure où les communications rétrécissent la planète, à l'heure où les images peuvent être diffusées instantanément partout et susciter colère ou rejet, convoitise, ou approbation, nous devons prendre conscience qu'une action d'envergure est nécessaire dans ce domaine. Introduire davantage de justice et d'équité dans la mondialisation, c'est jeter les bases du dialogue fructueux, c'est le rendre possible et préparer en même temps notre avenir commun.

Ensuite: Le dialogue entre citoyens de ce monde et entre cultures doit se construire sur le respect mutuel et une connaissance de notre nature et de notre devenir. Connaître l'autre est une condition pour le respecter et non pas le considérer comme radicalement différent et sans possibilité d'identification.

Le grand défi pour les années à venir est de réussir une globalisation au visage humain qui accepte que la diversité culturelle, spirituelle ou linguistique de l'humanité n'est certes pas un obstacle au dialogue mais constitue notre vraie richesse.

En troisième lieu, nous devons mener ce dialogue avec humilité, car son pire ennemi, c'est l'arrogance. Chaque civilisation et chaque peuple peut et doit être fier de ce qu'il a accompli et offert au monde. Chacune et chacun doit aussi mesurer ses parts d'ombre. Toutes les sociétés, à un moment ou à un autre de leur histoire, ont cédé à l'intolérance, le mépris, la haine.

Le dialogue vrai et sincère, allié à un sérieux travail sur nous-mêmes et à une solidarité vécue  est à mon avis la seule façon raisonnable et intelligente de résoudre les différends et les conflits d'intérêts, entre les hommes comme entre les nations. Promouvoir une culture de dialogue et de non-violence pour l'avenir de l'humanité est un devoir auquel la communauté internationale ne saurait se soustraire.

S'il est vrai que le vingtième siècle a été un siècle de guerre et de sang, je crois que le défi nous est lancé de faire du nouveau siècle un siècle de dialogue et de non-violence.

Merci de votre attention.

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